Le blog de l'imam Abdallah (France)

Simplifier l'islam pour les francophones

L'incroyable histoire de Yamina et Amar ZEROULOU

Je vous raconte l’incroyable histoire de Yamina et Amar ZEROULOU, âgés tous les deux 78 ans,fidèles de la mosquée de Valence.

Ils ont été victimes d'un accident qui aurait pu être très graves.

Lisez ce texte préparé par sa petite fille.

Le 11 janvier 2017, aux environs de midi, de retour de Chambéry en direction de Valence, la voiture de deux septuagénaires quitte la route enneigée au voisinage de Voiron. Le conducteur, Amar, 78 ans, perd le contrôle de son véhicule sur une route verglacée. Son épouse Yamina du même âge, côté passager s’agrippe au tableau de bord tandis que la voiture dévale le ravin. Soudain la chute s’interrompt grâce à un arbre qui ne tarde pas à céder. L’obstacle fait basculer la voiture et la chute reprend avec plus de violence sur une dizaine de mètres. Le véhicule continue en tonneaux dans la neige. Les quatre vitres se brisent, le coffre se vide et le choc avec le lac en contrebas paraît inévitable. Un arbre, plus imposant que le premier, retient finalement la voiture. Le soulagement ne dure qu’un temps, le véhicule est couché sur le flanc gauche. Yamina enlève sa ceinture de sécurité, vérifie que son époux va bien. Il ne peut pas se dégager seul. Elle veut appeler des secours mais il n’y a pas de réseau. Elle retire les morceaux de verre restants de sa fenêtre pour s'extirper hors du véhicule car la porte ne s'ouvre pas. En dépit de ses graves problèmes de dos et d'une colonne vertébrale qui ne tient qu’à un fil, elle s’extrait de la voiture, saute de la fenêtre, dévale la pente, glisse dans la neige, se retient à la racine d’un arbre et remonte. Les doigts de sa main droite se tordent sous les chocs répétés mais elle trouve le courage de continuer. Elle sort son époux de la voiture, lui demande de ne pas bouger le temps qu’elle prévienne les secours. Elle parvient à passer un appel à sa fille résidant à Chambéry afin de lui communiquer approximativement leur position mais l’absence de réseau met fin à la communication. Elle ne peut plus appeler les secours et n’a plus d’autre option: remonter le ravin.

Elle grimpe en cherchant des appuis sous la neige, une racine, un rocher, n’importe quoi pour escalader cette pente aussi raide qu'un mur. Elle perd une chaussure, ne sent plus ses mains, sa condition physique ne lui permet pas les efforts violents et prolongés mais elle n’a pas le choix. A mi-chemin, les appuis se font rares. Elle entend les sirènes des pompiers mais personne ne peut les voir là où ils sont. Il faut monter, encore, faire des trous dans la neige pour grimper, avancer sur les genoux, ramper. Elle parvient au sommet, pense avoir vécu le plus difficile, souhaite pouvoir aider son époux resté en bas. Son téléphone ne se rallume pas. Elle fait signe aux voitures qui circulent dans les deux sens. Sûrement que l’une d’elles s’arrêterait à la vue d’une dame âgée, terrifiée, agitant son téléphone au milieu d’une route de montagne. Rien. Elle se demande si elle va juste rester là, sur le bord de la route et accuser l’indifférence de ses semblables jusqu’à ce que son corps lâche. Elle se demande si elle est invisible ou effrayante, si c’est parce qu’elle est née en Algérie, si c’est parce qu’elle porte un hijab.

Les secours arrivent alors. La route est tellement glissante qu’un des secouristes lui-même se retrouve au sol. À la vue du ravin, ils pensent que Yamina a seulement été témoin de l’accident. Ils n'imaginent pas que l’arrière-grand-mère l’ait escaladé seule. Malgré leurs équipements, les secouristes ont eu de grandes difficultés à descendre la pente et ils n'auraient pu remonter Amar en l'absence de matériels. Ils écoutent avec admiration le témoignage de Yamina et la félicitent pour sa détermination. Plus tard, dans la salle d'attente de l’hôpital, lorsqu’elle raconte son histoire à ses proches venus la rejoindre, une dame émue l'embrasse et un jeune homme pleure puis la félicite également.

Par miracle, ils s’en sont sortis indemnes physiquement. Sans doute se remettront-ils du traumatisme de l’accident qui aurait pu leur coûter la vie. Mais pourront-ils oublier l’indifférence des passants ?

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