3 Septembre 2015
Je veux te parler même si je sais que tu ne m'entendras pas.
Je veux te demander pardon même si je sais que tu ne me pardonneras pas.
La mer n'a pas voulu détruire ton petit corps, alors qu'elle n'a aucunement hésité à avaler l'énorme titanic.
Les monstres de la mer ont eu pitié de toi et n'ont nullement touchés ton petit corps magique.
Tu as fuis les bombes de Bachar et les machettes de Daech. Tu ne savais pas que le reste de l'humanité ne sera pas plus clément envers toi, qu'il s'en "fichait" complètement que tu te noies.
Tu es la pureté, tu es l'innocence. Tu es lavé, tu es prosterné, tu es martyre, tu es prêt à rencontrer ton seigneur pour accompagner ton frère et ta maman au paradis.
Que j'aimerais prié sur toi, que j'aimerais te prendre dans mes bras, que j'aimerais toucher ton corps innocent pour me purifier de la barbarie des humains.
Je pense à ta maman. Je pense à elle quand elle te serrait dans ses bras quand votre barque de fortune a commencé à couler. Je pense à elle quand elle suppliait les hommes de te prendre car, en restant avec, elle savait que tu allais mourir. Je pense à elle quand, dans l'eau, elle lâcha ton corps sans vie après avoir frotté son visage contre le tien. Je pense à elle quand elle a abandonnée de lutter après avoir su qu'elle ne te sauvera pas.
Les ignorants accuseront Dieu de ne pas t'avoir sauvé.
Les lâches diront : voilà ce que mérite le peuple qui veut se libérer.
Les arabes diront : elle est où l'ONU pour constater, condamner et s'indigner.
Les racistes diront : ces arabes ne sont même pas capables de se débrouiller et de s'entre aider.
Les religieux diront : qu'elle était la religion de ce bébé ? Nous ne manifestons que pour les nôtres, les autres peuvent s’entre-tuer.
Les politiciens, les vendeurs d'armes, les financiers de la morts, les diables des conflits diront : comment peut on exploiter cette crise pour gagner plus de sous, plus de voix et pour dominer.
Les sages diront : que devons nous faire pour aider et soulager ?
En t'enterrant mon fils, nous enterrons une grande partie de notre humanité.