18 Novembre 2014
Hier je me suis entretenu avec Bernard, il voulait me voir pour me poser quelques questions et connaitre l'islam
C'est un retraité de l'éducation nationale, il était directeur d'établissement scolaire pendant plusieurs années, aujourd'hui il se consacre à son passe-temps préféré : aider les familles en difficulté et s'occuper de leur bien être.
Bachir est un fidèle très discret de la mosquée de Valence, il me propose souvent ses services, il me dit souvent : « pour le nettoyage de la mosquée, ne m’oubli pas, je suis là, il suffit de m’appeler et je viendrai ». D’ailleurs quand je l’ai inscrit pour la première fois dans mes contacts j’avais noté « Bachir Nettoyage de la Mosquée » C’est tout à son honneur. Combien je l’aime en Dieu ce Bachir...
C'est Bachir qui a organisé cette rencontre entre Bernard et moi, il tenait absolument qu'on se voit car il savait que cette rencontre pouvait être bénéfique pour moi et pour son ami Bernard.
Bachir est venu avec sa femme et ses 3 enfants d'un pays "musulman" qui le traitait injustement pour trouver refuge en France un pays "non musulman" mais un pays juste où l'être humain est d'abord traiter comme tel.
On se demande vraiment parfois qui est plus proche de cette nomination de "pays musulman" la France ou certains de nos pays arabes où règnent l'injustice et la corruption !!
Bachir est un demandeur d'asile, il a pu obtenir des aides pendant que sont dossier était en étude par les services compétents.
Pendant cette période il a pu bénéficier d'une petite chambre dans un foyer et des aides de premières nécessité.
Il a pu inscrire ses enfants à l'école, c'est justement l'école dont Bernard était le directeur.
Habiba, la femme de Bachir, s'occupe très bien de ses enfants, elle les accompagne à l'école et s'intéresse à tout ce qu'ils font, quand Habiba n'était pas disponible c'est Bachir qui accompagnait ses enfants. Pour Habiba et Bachir leurs enfants à l'école étaient un grand symbole et une grande reconnaissance.
Bernard était avisé par les services sociaux de la situation d'extrême précarité dans laquelle se trouvait cette famille musulmane dont les parents sont des "fervents pratiquants".
Habiba avait son voile et Bachir à toujours gardé sa petite barbichette. Ils n'ont jamais cachés leur islamité.
Durant une année scolaire, la relation entre Bernard et cette famille est passée de la méfiance à la curiosité, de la curiosité à la confiance, de la confiance à l'admiration et de l'admiration à l'affection fraternelle.
A la fin de l'année scolaire, les service sociaux annoncent à la famille qu'il n'ont que 30 jours pour quitter la chambre du foyer. La famille est dans la panique et l'inquiétude.
Quand Bachir informe tout naturellement son "frère" Bernard de cette décision, la réponse de Bernard était sans aucune ambiguïté ni hésitation "vous viendrez chez moi !"
Bernard aime tellement cette famille qu'il était même heureux de pouvoir les accueillir chez lui.
Il me dit "après le départ de mes enfants je trouvais que c'était inconcevable et même un péché d'avoir une grande maison vide"
Louise, la femme de Bernard est aussi gentille et aussi humaine que son mari elle a une grande histoire avec les pays de l'islam.
Bachir et Habiba étaient dans la confusion, ils avaient le choix entre squatter un lieu abandonné, laisser leurs enfants dans la rue ou accepter la proposition de Bernard.
Ils avaient peur de gêner et de déranger ce couple si gentil.
Bachir et Habiba sont conscient qu’accueillir une famille dépendante de 5 membres n'est pas chose facile, ils accepteront la proposition de Bernard et Louise mais ils feront tout pour être le plus légers possible. Ils comptent même apporter leur soutien comme ils le peuvent à cette famille d’accueil.
Dans les relations humaines ce n’est pas uniquement celui qui reçoit qui s’enrichi, celui qui donne peut aussi s’enrichir. Et c’est ce qui va se passer réellement.
Barnard me disait qu’il était croyant mais qu’à force de constater les injustices dans le monde, il a fini par « perdre la foi ».
C’était terrible pour moi musulman d’entendre cette phrase « perdre la foi » ce n’est pas la première fois que j’entends cette expression et elle m’est insupportable. Comment peut-on perdre la foi ?! Je cherche donc à comprendre.
Bernard me disait : « Si Dieu a créé le monde un jour, je crois qu’il a complètement oublié et abandonné. Pourquoi dois-je croire en un Dieu qui ne fait rien ? Il m’a oublié donc moi aussi je l’oubli » Il poursuivait : « En voyant Bachir et Habiba, en voyant leur foi intacte, leur quiétude, leur gentillesse, leur confiance en ce même Dieu que moi je dénigre matin et soir, en voyant leur simplicité et leur acceptation malgré ce qu’ils subissent comme injustice, je commençais à me poser vraiment la question mais pourquoi sont-ils comme ça ? Je ne fais l’objet d’aucune injustice et je me révolte contre Dieu, alors qu’ils font l’objet de toutes cette injustice et ils ne cherchent que la proximité de Dieu ?! qu’ont-ils de particulier ces gens-là ? pourquoi ma foi n’est pas comme la leur ? j’étais pourtant éduqué à la foi comme eux ! leur foi n’est pas comme la mienne, leur foi les habite alors que la mienne n’était que superficielle, elle n’a même pas résisté à la moindre épreuve, elle n’a pas résisté à la constatation de l’épreuve alors que la leur résiste à l’épreuve »
Après des mois de cohabitation la fraternité des deux familles ne fait qu’augmenter et s’approfondir. J’ai pu constater hier que Bernard aime réellement et sincèrement Bachir et Bachir aime réellement et sincèrement Barnard… Cela m’a fait tellement plaisir de les avoir rencontrer ensemble. Nous avons passé deux heures à discuter et nous avons déjà prévu de nous revoir.
Les gens comme Bernard et Louise sont très rares dans notre société et les gens comme Bachir et Habiba sont très rares dans notre communauté.
Faisons en sorte qu'il y'ait plus de Bachir et Habiba et plus de Bernard et Louise dans notre société...
Bachir avant de partir hier soir, est venu me dire discrètement pour me dire "Tu vois Abdallah, je te l’avais dit, c’est un musulman, il faut qu’il fasse son témoignage. Mais même s’il ne le fait pas il restera mon frère pour la vie, c’est mon frère, c’est mon frère »
Un jour, si Dieu le veut, je vous donnerai d'autres nouvelles de Bernard et Bachir.
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Barnard, Louise, Bachir, Habiba ne sont pas les vrais noms des acteurs de mon récit.