Le blog de l'imam Abdallah (France)

Simplifier l'islam pour les francophones

La religion et la société, la religion et l’entreprise

1. Le but des extrémistes de tout bord est d’attiser la haine et empêcher l’entente et la cordialité entre les humains. De faire de leurs différences un handicap et une raison pour se haïr. Alors que la différence est une diversité enrichissante pour tous. Aujourd’hui on peut dire que les extrémistes ont réussi à créer les troubles dans les esprits ; à semez la zizanie dans les cœurs et à parsemer la méfiance et le rejet.

2. La liberté religieuse est un acquis pour l’humanité. Loin de la stigmatisation et de l’ignorance, l’islam promeut la liberté religieuse. Plus de 120 versets du Coran parlent de cette liberté et expriment que Dieu lui-même a donné la liberté à l’homme de croire et de ne pas croire, de faire le bien ou de faire le mal, de pratiquer ou de ne pas pratiquer une religion.

3. Les droits de l’homme et la liberté religieuse : Toutes les déclarations des droits de l’homme prévoient la liberté religieuse.

a. L’Article 9 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales : «Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le
culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites. La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui »

b. La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne du 7 décembre 2000 : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites » (Article 10).

4. La visibilité ou l’invisibilité de la religion

a. Il y a une tendance laïciste militante et belliqueuse qui pousse aujourd’hui à l’invisibilité de toutes les religions.

b. Pourquoi toutes les idéologies les plus farfelues peuvent s'exprimer et la religion doit se taire ? Comme la religion ne doit pas avoir le monopole de la vérité dans une société laïque, elle ne doit, non plus, s'écarter complètement de la vie.

c. La Laïcité est un cadre juridique qui garantit à chacun la liberté du culte. 

d. La sécularisation n'est pas la schizophrénie. Nous sommes citoyens riches de nos points communs et nos différences, avec notre simplicité et notre complexité.

e. Les convictions religieuses doivent elles s'arrêter à la porte de l'entreprise ?

f. Un professeur athée n'éprouve aucune gêne de dire à ses élèves : Dieu n'existe pas, la religion est l'opium des peuples. Personne ne viendra le taxer de prosélyte ou intégriste ?! Mais un professeur croyant n'a aucunement le droit de dire, tout en respectant les non croyants que la Nature est la création de Dieu ? Que la religion peut permettre à l'humain de s'épanouir ?!

g. Lors de sa pause-café, au sein de l'entreprise quand son collègue lui dit : Moi je ne crois pas en Dieu, un salarié a-t-il le droit de dire : Moi je crois en Dieu ?

5. L’islam dans l’entreprise 

a. Il n'y a pas plus de revendication mais il y a plus de musulmans. L'industrie automobile, qui comptait de nombreux immigrés, a aménagé des salles de prières dans certains ateliers depuis années 1970, notamment dans les usines Renault de Flins et Boulogne

b. Ce ne sont pas les revendications religieuses qui augmentent, ce sont les exigences laïcistes qui se développent ou la méfiance qui s’installe.

c. J’ai fait dernièrement une recherche sur le web sur le thème Islam et l’entreprise. Je suis tombé majoritairement sur des sites identitaires et antimusulmans, qui veulent présenter l’islam comme une menace pour la société française et européenne.

d. Le prosélytisme ? Les musulmans veulent vivre en paix dans leur société, avec les autres. Ils n’ont le projet d’islamiser l’Europe ou de faire du prosélytisme, ils veulent vivre leur foi et pouvoir la transmettre à leurs enfants. Il y a des musulmans qui deviennent évangéliques et témoins de Jéhovah, comme il y a des athées qui deviennent musulmans. J’ai rarement vu un chrétien convaincu devenir musulman. Quand un musulman veut faire sa prière, manger halal ou une musulmane veut couvrir ses cheveux, leur objectif n’est pas de convertir les autres mais juste de pratiquer la religion selon leur compréhension et leur degré de spiritualité.

e. Cela étant dit, il ne faut pas nier le comportement provocateur de certains jeunes filles ou garçon qui optent, par exemple, pour des tenus complètement farfelus et qu’ils qualifient eux d’islamique ou d’autres exigences exagérées et inacceptables dans notre société.

6. Comment le manager doit agir ?

a. Dépassionner le débat et le « Dé-islamiser ». Traiter les cas individuellement avec discernement et clairvoyance, sans idéologiser les choses.

i. Une barbe c'est une barbe. Pourquoi la barbe de Karim gêne et celle de Sébastien ne gêne pas. La barbe portée par Karim est un danger pour la laïcité et la barbe portée par Sébastien (Chabal) n'est qu'une barbe.

ii. J’aime bien la réaction de ce manager : «Si Jean-Jacques avait refusé de transporter des bonbons durant le carême, aurait-il reçu un avertissement !»

iii. Quand Karim ne fait pas la bise à Nathalie il est extrémiste et c'est une faute professionnelle et quand Bernard ne salue aucun de ses collègues : il est juste solitaire.

iv. Quand la personne concernée est musulmane alors soyons capables d'imaginer que cette personne est athée, juive ou chrétienne par exemple. Qu'Aurions-nous fait ?

v. Détachons-nous du poids de l'actualité et agissons pour l'intérêt de notre société et le bien-être de nos salariées

b. Bien faire la différence entre la radicalisation et l’islam ordinaire.

Différencier ce qui relève de la pratique ordinaire et ce qui relève de la radicalisation ou des revendications extrêmes. Certain veulent entretenir cette ambiguïté.

c. Cependant il ne faut pas se placer sur le terrain du religieux. Rester sur l’acceptable et le non acceptable sur le plan professionnel et celui de la sécurité. Il ne vous appartient pas de vous prononcer sur le bien-fondé de l'observance du ramadan ou sur la légitimité du repas halal dans le milieu professionnel.

d. L’effort doit venir de tous

a. Exemple : Mona une femme qui a décidé de mettre un voile. Dounia Bouzar a trouvé Mona «taillée pour le poste, avec l'esprit de l'entreprise». «Les entreprises doivent montrer qu'elles font des efforts», analyse de son côté Michel Mine, spécialiste du droit social européen au Cnam. Les licenciements de femmes voilées ont été validés si un consensus avait été recherché au préalable. «Les responsables doivent accepter les aménagements, halal et même le port du foulard, qui ne nuisent pas à l'activité», assure le juriste.

b. Il faut instaurer un climat de respect entre les salariées et ne laissez pas les événements tragiques que notre pays a vécu détruire notre vivre ensemble.

c. Réagir par le dialogue

d. Les imams donnent toujours des dérogations aux salariés musulmans quand cela est nécessaire.

7. Les sujets que le manager doit gérer

a. Les apparences (voile, barbe, signes …)

i. Le voile reste pour moi un choix individuel et un cheminement spirituel, comme je serai farouchement contre celui qui impose à une femme de le mettre, je suis aussi contre celui qui lui impose de l’enlever alors que c’est son libre choix.

b. Les actes d’adoration (prière)

i. La prière est une affaire de 5 à 10 minutes. C’est moins long qu’une pause cigarette. Profiter d'une pause-déjeuner pour faire discrètement sa prière ne pose pas de problème.

c. Les interdits alimentaires Cantines & hallal & Alcool 

d. Fêtes religieuses :

i. Demander un jour de congé pour une fête religieuse ne pose pas de problème.

e. Ramadan et régime de travail et rupture du jeûne

f. Mixité & relations hommes / femmes

g. Cadeaux fin d'année

8. Des demandes inacceptables

a. Refus de saluer les collègues de l'autre sexe,

b. Demandes de travailler avec des personnes de même religion,

c. Certains chauffeurs évitent de prendre les commandes d'un bus auparavant conduit par une femme

d. La pression exercée pendant le ramadan par certains musulmans pratiquants à l'encontre d'autres salariés musulmans non pratiquants

e. Aménagement des horaires de travail selon les heures de prière.

Si j’étais chef d’entreprise :

J’installerais un lieu inter-religieux ou œcuménique pour permettre aux salariés
de faire une pause spirituelle.

J’accepterais les gens avec leurs différences et leurs apparences. Dans le respect
mutuel.

J’accorderais aux salariés systématiquement des jours de congés pour leurs fêtes
religieuses.

Je demanderais que la cantine prévoie systématiquement des menus végétariens
et des menus poisson.

Toute personne peut prier sur son lieu de travail durant ses pauses, du moment que
les impératifs de sécurité et d’hygiène ou santé ne les en empêchent pas.

Cependant, si un salarié a le droit de prier durant son temps légal de pause, il ne peut exiger de son employeur que celui-ci lui aménage des horaires spécifiques ou un local particulier afin qu’il puisse pratiquer sa foi Pourquoi le voile d’une femme cadre gêne et celui de la femme de ménage ne gêne pas ?

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B
Super article ! Très bien à continuer à diffuser.....enrichissant et instructif !<br /> fraternellement<br /> Hasnia Bioud
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